• Tunisie (2020)

Rêve et utopie : psychanalyse et politique (2020)

Forgé par Thomas More dans son livre Utopia (1516), le concept d’utopie (lieu qui est nulle part) propose d’imaginer une société idéale faite de gens libres et égaux. Littérature et philosophie abondent de textes pensant l’utopie : La République de Platon, La cité idéale d’Al Farabi, ou Gargantua de Rabelais…

La pensée utopiste s’origine dans la critique d’une société devenue impossible à vivre ; elle est projection d’une nouvelle présence au monde. Peut-on dire que s’engager dans une analyse entretient un certain rapport avec l’utopie ? Le patient qui porte un regard critique sur lui-même ne parie-t-il pas sur l’existence d'un lieu autre où le Moi serait plus libre et sujet à moins de conflits ?
L’utopie en tant que rêver ce qui n’est pas, est au fondement de la psyché humaine : elle est imaginaire, espérance, élan vital. Elle est un des ressorts des soulèvements populaires et de l’engagement social.
Mais il est important de distinguer l’utopie comme moteur de l’histoire de l’utopie totalitaire ou dystopie ; si l’utopie est la possibilité d’un lien social fait d’égalité et de liberté, la dystopie, elle, met en place un lien de sujétion et de dépendance en prenant appui sur des discours idéologiques et populistes pour former les assises d’une société totalitaire.
Ainsi la distinction entre l’Un de la masse et l’un du soulèvement et du franchissement où la foule ne s’hypnotise plus dans l’amour du leader est capitale. Que peut-on dire alors d’une foule révolutionnaire vivant un moment décisif pour repenser l’être-ensemble ?
La psychanalyse aide le sujet à désincarner la figure de l’Autre tout puissant auquel tout est dû et dont on ne peut pas se protéger.
Que reste-t-il dans la mémoire collective et individuelle de ce moment irréel, à la fois éprouvé et décisif, qu’a été le 14 janvier 2011 ? Quels sont les effets d’un tel franchissement, celui où un/des sujet(s) ne sont plus hypnotisés par terreur face à un leader, un tyran ?
Près de 10 ans après, les difficultés économiques, sociales et politiques ont entamé une part de l’espoir, et ont produit une sévère désillusion dans l’enthousiasme et le rêve des premiers temps. Cependant il nous faut prendre acte de la modification des discours qui s’est opéré au plus concret: vie associative, émergence de libidos s’accompagnant de mots nouveaux et de nouvelles façons de s’adresser à l’autre et à l’autorité.
Entre l’espoir d’un monde meilleur et un avenir non joué d’avance comment tresser l’utopie à la responsabilité, le rêve à la présence d’un engagement ? Tel est l’enjeu de notre journée.

Inscriptions sur la page FB de AFPEC - Association de Formation à la Psychanalyse et d'Echanges Cliniques